Une image de "Momies en Folie" a attiré tout particulièrement mon attention, car elle me rappelait une image que j'avais déjà vue. Après quelques recherches, j'ai pu retrouver l'image ci-dessus, qui a visiblement inspiré Tardi !

Chez Tardi cet "accident/attentat" contre Adèle Blanc-Sec se déroule le 12 mars 1912 à 21h30, mais c'est un événement plus ancien qui est à l'origine de la photo.

Voici donc cette histoire :

Compagnie de l'Ouest, 22 Octobre 1895.

Le Granville - Paris Express transportait 131 passagers tandis qu'il approchait sa destination : la gare Montparnasse à Paris. Le train était tracté par la locomotive No. 721 et il était conduit par Guillaume-Marie Pellerin. Le train était constitué de 12 voitures : 2 wagons de bagages et un wagon postal se trouvaient directement derrière la locomotive, suivis par 8 wagons de passagers tandis qu'un dernier wagon de bagages fermait le cortège.

Le train avait quitté Granville à son heure habituelle de 8h45 mais il avait accumulé du retard sur le trajet et il ne pourrait pas arriver à l'heure prévue (15h55). Pellerin, le conducteur, était un homme expérimenté qui travaillait pour les chemins de fer depuis 19 ans. Il était donc bien conscient des règles de sécurité. Pourtant, il ne respecta pas les limites de vitesse à l'approche de la gare, pensant utiliser le frein "Westinghouse" situé sur les wagons à l'entrée en gare pour freiner le convoi. Il enfreignait ainsi une règle pourtant établie depuis de nombreuses années. Quand il actionna le frein, celui-ci ne fonctionna pas. Il ne lui restait plus que les freins de la locomotive pour arrêter le train. Mais, à cause de la vitesse et du poids du train, ceux-ci ne furent pas suffisants. Les deux conducteurs à bord devaient réaliser qu'il entraient dans la gare à une vitesse bien trop élevée pour s'arrêter, pourtant, l'un d'eux, au moins, Albert Mariette était occupé à autre chose. Alors qu'il aurait du se préoccuper de comment arrêter le train, il était concentré sur de la paperasse. Ce ne fut qu'au dernier moment, qu'il réalisa la catastrophe imminente et qu'il tenta de manoeuvrer le frein à main. Malheureusement, il eut à peine le temps de poser la main dessus alors que le train traversait la façade.

La locomotive dépassa de 10 mètres la fin de la ligne, roulant à travers le hall de la gare, traversa un mur de 60cm d'épaisseur et s'écrasa 9m plus bas dans la rue, sur la Place de Rennes où passait le tramway qui reliait la gare à la Place de l'Etoile. La locomotive manqua d'ailleurs de peu l'un des tramways.

Les trois premiers wagons furent très endommagés, mais aucun des wagons de passagers ne déraillèrent. Il n'y eut que cinq blessés grâves parmis ceux qui se trouvaient dans le train : deux passagers, le pompier et les deux conducteurs. Toutefois une passante fut tuée et une autre blessée.

Pellerin et Mariette furent poursuivis tous les deux. Pellerin fut condamné à une amende de 50 francs et deux mois d'emprisonnement pour avoir dépassé les vitesses autorisées. Toutefois il ne fut pas emprisonné. Mariette eut une amende de 25 francs pour n'avoir pas actionné le frein avant l'entrée en gare.

La passante fut tuée par un morceau de la façade qui s'était détaché. C'était Marie-Augustine Aguilard. Elle attendait son mari, un vendeur de journaux venu récupérer les journaux du soir. La compagnie de chemin de fer prit en charge les funérailles et lui versa une pension pour ses deux enfants.

J'ai ajouté ci-dessous d'autres clichés de la locomotive.


Bonus & Surprises

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