Critiques au sujet des albums
Adèle et la Bête & Le Démon de la Tour Eiffel
Critique à propos de ces deux premiers albums
" Dans les Aventures
d'Adèle Blanc-Sec, Jacques Tardi vient de réaliser le premier grand feuilleton
populaire en bande dessinée, dans la tradition de Rocambole, de Ponson, du Trerrail
et plus encore de Fantomas de Pierre Souvestre et Marcel Allain. Il en respecte
toutes les règles: multiplicité des personnages et des situations dramatiques,
rebondissements imprévus, art de la grande mise en scène, avec, pour cadre de
l'action la période 1900-1914, qu'il affectionne particulièrement. La réalité
de l'époque et la fiction s'entremèlent en permanence. La minutie de la reconstitution
de certains quartiers de Paris, de l'atmosphère, des costumes, des moyens de
transport, utilisés par les protagonistes est tout simplement confondante.
L'angoisse, le suspense, un zeste d'humour, un soupçon de parodie apparaissent
dans chaque planche(...)".
Pierre Lebedel dans Le Figaro du 19 juin 1976
Le Savant Fou
"Dans ce dernier
album, Tardi rend son héroïne de plus en plus mordante et incisive: elle
est résolument anti-société contre la police, le pouvoir, les doctes etc.."
Nord Eclair du 22 juin 1977
" (...)Tardi emmèle les fils d'une intrigue ténébreuse, mais à y bien
regarder, on s'aperçoit que le scénario n'est qu'un tissu ininterrompu
de situations connues, de remakes célèbres et de poncifs du genre depuis
le mythe de Frankenstein jusqu'à celui de la femme fatale en passant par
le thême du savant fou à lier (déjà traiter par Tardi dans Le démon des
glaces). Si on rajoute à cela que le dessin est un subtil démarquage (et
une surenchère) de l'école d'Hergé, où les monstres mécaniques rivalisent
avec un bestiaire fantastique de pacotille digne de P.E. Jacobs, on peut
se poser la question suivante: qu'est-ce qui fait le succès de Tardi?
Nous répondrons à cela: le charme des son atmosphère (atmosphère... atmosphère)
où tous les poncifs sont subvertis par la voix insolentes du narrateur,
les rebondissements désordonnés de l'intrigue, le travestissement des
intentions, les volte-faces incessants des acteurs du drame et les décors
grandiloquents où l'art pompier fait la nique au Modern style. Et puis,
il y a Adèle(...)
Jalons et Actualités des Arts N°36 1977
"Impossible de citer toutes les trouvailles contenues dans cet album:
Tardi brouille les pistes à plaisir, modifiant la psychologie des personnages,
rendant les "mauvais" sordides et mégalomanes, ses "bons" ridicules et
hypocrites".
Le Ligueur du 5 août 1977
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Momies en Folie
"Avec Momies en Folie,
quatrième album de la série, le lecteur a l'impression, au début, de lire La
Marque Jaune, ce chef-d'oeuvre d'Edgard P. Jacobs. Aux rues nocturnes
de Londres, Tardi oppose celles de Paris. C'est au détour de l'une d'entre elles
que le mystère commence: un corps supplicié est attaché à un monument et découvert
par un passant anodin.(...) A tous ces éléments -fantastique et école belge
de BD- Tardi ajoute une pincée d'ironie. Par un texte faussement glacial, il
nous fait sourire malgré le pathétique des faits." Paul Herman
"Dans ce volume, on retrouve en tout cas, outre les personnages des précédents
albums, tout le charme de Paris rétro que Tardi a reconstitué à l'aide de cartes
postales et de documents d'époque. Rien que ces décors et l'ambiance qui s'en
dégage, méritent déjà le détour. Mais dans Momies en Folie, l'auteur va plus
loin dans les références. Ainsi, il n'hésite pas à utiliser avec humour et clins
d'oeil à l'appui, quelques gros faits divers des années 1920 auxquels les personnages
auraient été mélés: la locomotive folle qui percute la façade de la Gare Montparnasse,
la chute d'une aiguille de l'horloge de la Gare de Lyon et même le naufrage
du Titanic que Tardi présente comme un acte de sabotage destiné à faire périr
Adèle(...). Bref, un festival d'humour noir ou le fantastique, le suspense et
une certaine poésie font bon ménage(...)"
G.D., Le Peuple du 24 novembre 1978
Le Secret de la Salamandre
"Comme toujours chez
Tardi, un sens aigu des médiocrités humaines et une féroce dérision de l'illusion
romanesque. Indispensable".
Daniel Fano, Jeune n°10, juin 1981
"(...)un album de mise au point et d'épuration: Tous les personnages des albums
précédents s'y retrouvent pour mieux se charcuter, être laids et faibles parcourant
un feuilleton qui mène chaque fois à leur destruction".
Patrick Pinchart, Tous, N°31, octobre 1981
"Une histoire touffue, allusive, tout en raccourcis qui laissent le lecteur
quelque peu perdu dans l'enchevêtrement des événements, la succession des personnages
mais une histoire extrêmement intéressante par la cruauté des faits qui la caractérisent:
les réalités du "front", les machinations capitalistes qui permettent de tirer
des gros profits de la guerre et les liens avec la Mafia, l'alcoolisme quotidien
des retraités du feu...Sur cette vision du monde se greffe un scénario qui en
définitive n'a qu'une importance secondaire, comme en témoigne un peu cette
phrase affreusement banale prononcée par Brindavoine quand il découvre Adèle
Blanc-Sec dans son bain de jouvence "c'est donc ça, Adèle Blanc-Sec? (...) Une
excellente leçon sur la guerre (...), sur les hommes et leurs folies."
J.P. Vander Straeten

Le Noyé à Deux Têtes
"Du grand Tardi, trés
noir(...). L'humour noir, surtout, verbal, le dispute ici au fantastique, au
pathétique, au morbide. Le tout nimbé par l'étrange poésie qui caractérise les
superbes dessins de l'auteur de Brouillard au Pont de Tolbiac et du Trou
d'obus.
Francis Matthys, La Libre Belgique du 27 septembre
1985
Tous des Monstres !
"Une histoire noire
à souhait, écrite avec verve, passion et folie, semée de clins d'oeil et de
références tant culturelles qu'historiques. Le discours de Tardi multiplient
tant les péripéties que les intrigues et les rebondissements. Un hymne au roman
feuilleton et un hommage au théâtre de Grand Guignol traduit avec un sens rare
du mouvement. Une superbe galerie de "monstres" montre avec férocité, la folie,
la mégalomanie et la vanité du genre humain."
F.V.C., Lectures N°83, mars-avril 1995
"Tous des Monstres est un album ironique, avec de nombreux personnages et rebondissements.
Il est semé de clins d'oeil et d'hommages. Certains monstres ont été dessinés
par des amis de Tardi. A vous de les identifier!"
Is. A., Auracan N°9, mars-avril 1995
"Un vrai régal... Au début, ça explose dans tous les sens: on ne compte plus
les cervelles éclatées, les feux d'artifices sanguinolents, les bestioles hybrides.
Par la suite, les choses se corsent encore, d'autant plus que cet album a été
réalisé avec l'appréciable concours de quelques dessinateurs fervents de monstres
comme Gotlib, Pétillon ou encore F'Murr(...). Bref, ça tâche et on s'y attache.
D'autant plus que sur la fin, ça s'arrange...En tout cas, pour cette chère Adèle
qui reste décidément le "monstre le plus sacré" de la BD!
La Lanterne, 16 février 1995

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